samedi 26 décembre 2009

Le Caire barre la route de Gaza

GUIBAL,CLAUDE; AFP

Mercredi 23 décembre 2009

Egypte Les « marcheurs pour la paix » ne sont pas les bienvenus

LE CAIRE
DE NOTRE CORRESPONDANTE

Ils sont 1.360, venus de plus de 40 pays. Depuis des mois, ils ont préparé leur départ. Direction Le Caire, où ils doivent converger après Noël. Car bien que le gouvernement égyptien, ait décidé lundi de le leur interdire, ces « marcheurs pour la paix » ont l’intention d’aller au bout de leur projet : traverser la frontière égypto-palestinienne, le 27 décembre pour marquer leur solidarité avec Gaza, un an après l’offensive israélienne « Plomb durci » durant laquelle plus de 1.300 personnes ont trouvé la mort.

Aux côtés de la délégation belgo-luxembourgeoise – une soixantaine de membres –, des personnalités telles que le prélat français Mgr Gaillot, l’ex-chanteur de Pink Floyd Roger Waters ou l’ancien ministre sud-africain Ronnie Kasrils. Compte tenu de « la situation sensible dans la bande de Gaza », le ministère des Affaires étrangères égyptien a estimé que l’Egypte ne pouvait coopérer avec « la Marche pour la liberté à Gaza », menaçant de poursuites tous ceux qui enfreindraient cet interdit. Un problème que devrait également rencontrer le convoi Viva Palestina. Parti de Londres, il espère faire entrer à Gaza une centaine de véhicules d’aide le 27 décembre.

Pour l’Egypte, le moment est plus que jamais délicat, alors que le chef de la diplomatie égyptienne vient de confirmer la construction d’une très controversée barrière anti-tunnels à Rafah. Invoquant « le droit de l’Egypte à protéger sa souveraineté », Le Caire a renvoyé la responsabilité de la situation sur le Hamas.

Un mur d’acier
Dix kilomètres de long sur près de trente mètres de profondeur : ce mur d’acier, censé mettre fin à l’activité des centaines de tunnels sous la frontière, est une arme à double tranchant. Hosni Moubarak avait déjà été accusé de complicité plus ou moins active avec Israël, lors du déclenchement de « Plomb durci ». Une situation désastreuse dont la diplomatie égyptienne s’était miraculeusement sortie. Avec cette barrière, le raïs apparaît à nouveau aux yeux du monde arabe et de sa propre population comme un acteur du blocus de Gaza. Depuis trois ans, le territoire palestinien vit sous perfusion. Nourriture, médicaments, ciment, vêtements, carburant : tous les produits du quotidien, consommés par 1,5 million de Gazaouis, transitent par ces tunnels. Mais aussi les armes.

Pour cesser son offensive, Israël avait exigé que le Hamas ne puisse se réarmer via les tunnels. Notamment après le tir de missiles iraniens depuis Gaza – preuve de l’influence croissante de Téhéran dans la région, qui n’a fait que renforcer la colère du Caire vis-à-vis de l’Iran. Un facteur important dans la construction de cette barrière, destinée aussi à faire monter la pression sur le Hamas, envers lequel l’Egypte ne cache plus son hostilité.

Depuis la prise de pouvoir du mouvement islamiste à Gaza, elle a multiplié les médiations pour le réconcilier avec le Fatah de Mahmoud Abbas. Le Caire négocie avec lui la libération de Gilad Shalit, préalable à un allégement du blocus. Une frontière bouclée pourrait pousser le Hamas à des concessions, espère le Caire, qui compte exploiter les divisions entre la direction en exil, à Damas, et celle de Gaza, plus pragmatique.

épinglé
Shalit : pas d’avancée

Mardi, le gouvernement israélien a fait parvenir sa réponse aux exigences du Hamas pour la libération du soldat enlevé en juin 2006. S’il semble que le gouvernement israélien ait accepté le principe de l’élargissement des centaines de détenus palestiniens, le Premier ministre Netanyahou reste opposé au retour en Cisjordanie de prisonniers condamnés pour des attentats très meurtriers et veut les exiler.

Le Hamas a accusé, mardi aussi, Israël d’« entraver » un accord sur la libération du soldat. (d’après afp)

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